Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 2.djvu/457

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

donc condamnées à rester là : nos relations seront curieuses !

LA MODESTIE

Je ne vous dis pas de rester là ; voyons toujours ce côté, il est plus tranquille.

FÉLICIE

Quelle antipathie avez-vous pour l’autre ?

LA MODESTIE

Quel dégoût vous prend-il pour celui-ci ?

FÉLICIE

C’est qu’il me réjouit moins la vue.

LA MODESTIE

Et moi, c’est que je fuis le danger que je soupçonne ici.

FÉLICIE

Mais pour le fuir, il faut le voir.

LA MODESTIE

Il n’est quelquefois plus temps de le fuir, quand on l’a vu.

FÉLICIE

Encore une fois, pour fuir, il faut un objet ; on ne fuit point sans avoir peur de quelque chose, et je ne vois rien qui m’épouvante.

LA MODESTIE

Disons mieux ; vous avez des charmes, et vous voulez qu’on les voie.

FÉLICIE

Et parce que j’en ai, il faut que je les cache, il faut que l’obscurité soit mon partage ! Eh ! que ne m’a-t-on dit que c’était le plus grand malheur du monde que d’être