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SCÈNE IV.

MERLIN

Allons, continuons, et attendez que je me déclare tout-à-fait, pour vous montrer sensible à mon amour.

COLETTE

J’attendrai, monsieur Merlin ; faites vite.

MERLIN, recommençant la scène.

Que vous êtes aimable, Colette, et que j’envie le sort de Blaise, qui doit être votre mari !

COLETTE

Oh ! Oh ! est-ce que vous m’aimez, monsieur Merlin ?

MERLIN

Il y a plus de huit jours que je cherche à vous le dire.

COLETTE

Queu dommage ! car je nous accorderions bien tous deux.

MERLIN

Et pourquoi, Colette ?

COLETTE

C’est que si vous m’aimez, dame !… Dirai-je ?

MERLIN

Sans doute.

COLETTE

C’est que, si vous m’aimez, c’est bian fait ; car il n’y a rian de pardu.

MERLIN

Quoi ! chère Colette, votre cœur vous dit quelque chose pour moi ?

COLETTE

Oh ! Il ne me dit pas queuque chose ; il me dit tout-à-fait.