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Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 2.djvu/512

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LES ACTEURS DE BONNE FOI ,

LISETTE

Continuez, continuez ; dans la représentation il ne les verra pas, et cela le corrigera. Quand un homme perd sa maîtresse, il lui est permis d’être distrait, monsieur Merlin.

BLAISE, interrompant.

Cette comédie-là n’est faite que pour nous planter là, mademoiselle Lisette.

COLETTE

Eh bien ! plante-moi là itou, toi, Nicodème.

BLAISE, pleurant.

Morguié ! ce n’est pas comme ça qu’on en use avec un fiancé de la semaine qui vient.

COLETTE

Et moi, je te dis que tu ne seras mon fiancé d’aucune semaine.

MERLIN

Adieu ma comédie ; on m’avait promis dix pistoles pour la faire jouer, et ce poltron-là me les vole comme s’il les prenait dans ma poche.

COLETTE, interrompant.

Eh ! pardi, monsieur Merlin, velà bian du tintamarre, parce que vous avez de l’amiquié pour moi, et que je vous trouve agriable. Eh bien ! oui, je lui plais ; je nous plaisons tous deux ; il est garçon, je sis fille ; il est à marier, moi itou ; il voulait de mademoiselle Lisette, il n’en veut pus ; il la quitte, je te quitte ; il me prend, je le prends. Quant à ce qui est de vous autres, il n’y a que patience à prendre.