Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 3.djvu/331

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LÉLIO

, à part les premiers mots.

Il ne raisonne pas mal. Adieu, te voilà instruit, garde-moi le secret ; je vais retrouver la Princesse.

ARLEQUIN

De quel côté tournerai-je pour retrouver notre cuisine ?

LÉLIO

Ne sais-tu pas ton chemin ? Tu n’as qu’à traverser cette galerie-là.


Scène V

LÉLIO, seul.


La Princesse cherche à me connaître, et me confirme dans mes soupçons ; les services que je lui ai rendu ont disposé son cœur à me vouloir du bien, et mes respects empressés l’ont persuadée que je l’aimais sans oser le dire. Depuis que j’ai quitté les États de mon père, et que je voyage sous ce déguisement pour hâter l’expérience dont j’aurai besoin si je règne un jour, je n’ai fait nulle part un séjour si long qu’ici ; à quoi donc aboutira-t-il ? Mon père souhaite que je me marie, et me laisse le choix d’une épouse. Ne dois-je pas m’en tenir à cette Princesse ? Elle est aimable ; et si je lui plais, rien n’est plus flatteur pour moi que son inclination, car elle ne me connaît pas. N’en cherchons donc point d’autre qu’elle ; déclarons-lui qui je suis, enlevons-la au prince de Castille, qui envoie la demander. Elle ne m’est pas indifférente ; mais que je l’aimerais sans le