Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 3.djvu/354

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de la marchandise de chien ; voilà mon dernier mot, et je m’en vais tout droit trouver la Princesse et mon maître ; peut-être récompenseront-ils le dommage que je souffre pour l’amour de ma bonne conscience.

FRÉDÉRIC

Comment ! tu vas trouver la Princesse et ton maître ! Et d’où vient ?

ARLEQUIN

Pour leur compter mon désastre, et toute votre marchandise.

FRÉDÉRIC

Misérable ! as-tu donc résolu de me perdre, de me déshonorer ?

ARLEQUIN

Bon, quand on n’a point d’honneur, est-ce qu’il faut avoir de la réputation ?

FRÉDÉRIC

Si tu parles, malheureux que tu es, je prendrai de toi une vengeance terrible. Ta vie me répondra de ce que tu feras ; m’entends-tu bien ?

ARLEQUIN

Brrrr ! ma vie n’a jamais servi de caution ; je boirai encore bouteille trente ans après votre trépassement. Vous êtes vieux comme le père à trétous2, et moi je m’appelle le cadet Arlequin. Adieu.

FRÉDÉRIC

Arrête, Arlequin ; tu me mets au désespoir, tu ne sais pas la conséquence de ce que tu vas faire, mon