Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 3.djvu/367

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ARLEQUIN

, à part.

Qu’est-ce que c’est qu’une entrevue ? Je crois qu’il parle latin… Le pauvre homme ! il me fait pitié pourtant ; car peut-être qu’il en mourra ; mais l’horoscope le veut. Cependant si j’avais un peu sa permission… Voyons, je vais lui parler. (Il retourne dans le fond du théâtre et de là il accourt comme s’il arrivait, et dit :) Ah ! mon cher maître !

LÉLIO

Que me veux-tu ?

ARLEQUIN

Je viens vous demander ma petite fortune.

LÉLIO

Qu’est-ce que c’est que cette fortune ?

ARLEQUIN

C’est que le seigneur Frédéric m’a promis tout plein mes poches d’argent, si je lui contais un peu ce que vous êtes, et tout ce que je sais de vous ; il m’a bien recommandé le secret, et je suis obligé de le garder en conscience ; ce que j’en dis, ce n’est que par manière de parler. Voulez-vous que je lui rapporte toutes les babioles qu’il demande ? Vous savez que je suis pauvre ; l’argent qui m’en viendra, je le mettrai en rente ou je le prêterai à usure.

LÉLIO

Que Frédéric est lâche ! Mon enfant, je pardonne à ta simplicité le compliment que tu me fais. Tu as de l’honneur à ta manière, et je ne vois nul inconvénient pour moi à te laisser profiter de la bassesse de