Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 3.djvu/391

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prince ignore les secrètes raisons qui s’opposent en vous à ce qu’il souhaite ; la vengeance des princes peut porter loin ; souvenez-vous-en.

LÉLIO

Encore une fois, je ne rejette point votre proposition, nous l’examinerons plus à loisir ; mais si les raisons secrètes que vous voulez dire étaient réelles, Monsieur, je ne laisserais pas que d’embarrasser le ressentiment de votre prince. Il serait plus difficile de se venger de moi que vous ne pensez.

L’AMBASSADEUR

, outré.

De vous ?

LÉLIO

, froidement.

Oui, de moi.

L’AMBASSADEUR

Doucement ; vous ne savez pas à qui vous parlez.

LÉLIO

Je sais qui je suis, en voilà assez.

L’AMBASSADEUR

Laissez là ce que vous êtes, et soyez sûr que vous me devez respect.

LÉLIO

Soit ; et moi je n’ai, si vous le voulez, que mon cœur pour tout avantage ; mais les égards que l’on doit à la seule vertu sont aussi légitimes que les respects que l’on doit aux princes ; et fussiez-vous le roi de Castille même, si vous êtes généreux, vous ne sauriez penser autrement. Je ne vous ai point manqué de respect, supposé que je vous en doive ; mais