Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 3.djvu/398

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il se virait, je me virais ; c’était une farce. Tout d’un coup il ne s’est plus viré, et puis s’est mis à dire comme cela : ouf je suis diablement embarrassé. Moi j’ai deviné qu’il avait de l’embarras. Quand il a eu dit cela, il n’a rien dit davantage, il s’est promené ; ensuite il y a pris un grand frisson.

HORTENSE

En vérité, Madame, vous m’étonnez.

LA PRINCESSE

Que veux-tu dire : un frisson ?

ARLEQUIN

Oui, il a dit : je tremble. Et ce n’était pas pour des prunes, le gaillard ! Car, a-t-il repris, j’ai lorgné ma gentille maîtresse pendant cette belle fête ; et si cette Princesse, qui est plus fine qu’un merle, a vu trotter ma prunelle, mon affaire va mal, j’en dis du mirlirot. Là-dessus autre promenade, ensuite autre conversation. Par la ventre-bleu ! a-t-il dit, j’ai du guignon : je suis amoureux de cette gracieuse personne, et si la Princesse vient à le savoir, et y allons donc, nous verrons beau train, je serai un joli mignon ; elle sera capable de me friponner ma mie. Jour de Dieu ! ai-je dit en moi-même, friponner, c’est le fait des