Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 3.djvu/411

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J’ai donc avancé un pied, et puis un autre pied, et puis un troisième pied, et de pied en pied je me suis trouvé vers elle, mon chapeau sur mes deux mains.

LISETTE

Après ?…

ARLEQUIN

Après, nous sommes entrés en conversation ; elle m’a dit : veux-tu que je te pardonne ce que tu as fait ? Tout comme il vous plaira, ai-je dit, je n’ai rien à vous commander, ma bonne dame. Elle a répondu : va-t’en dire à Hortense que ton maître, à qui on t’a permis de parler, t’a donné en secret ce billet pour elle. Tu me rapporteras sa réponse. Madame, dormez en repos, et tenez-vous gaillarde ; vous voyez le premier homme du monde pour donner une bourde, vous ne la donneriez pas mieux que moi ; car je mens à faire plaisir, foi de garçon d’honneur.

LISETTE

Vous avez pris le billet ?

ARLEQUIN

Oui, bien proprement.

LISETTE

Et vous l’avez porté à Hortense ?

ARLEQUIN

Oui, mais la prudence m’a pris, et j’ai fait une réflexion ; j’ai dit : par la mardi, c’est que cette Princesse avec Hortense veut éprouver si je serai encore un coquin.