Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 3.djvu/458

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LE CHEVALIER

, à part.

Fi ! voilà un vilain début.

LÉLIO

Par exemple, un amant qui dupe sa maîtresse pour se débarrasser d’elle en est-il moins honnête homme à ton gré ?

LE CHEVALIER

Quoi ! il ne s’agit que de tromper une femme ?

LÉLIO

Non, vraiment.

LE CHEVALIER

De lui faire une perfidie ?

LÉLIO

Rien que cela.

LE CHEVALIER

Je croyais pour le moins que tu voulais mettre le feu à une ville. Eh ! comment donc ! trahir une femme, c’est avoir une action glorieuse par-devers soi !

LÉLIO

, gai.

Oh ! parbleu, puisque tu le prends sur ce ton-là, je te dirai que je n’ai rien à me reprocher ; et, sans vanité, tu vois un homme couvert de gloire.

LE CHEVALIER

, étonné et comme charmé.

Toi, mon ami ? Ah ! je te prie, donne-moi le plaisir de te regarder à mon aise ; laisse-moi contempler un homme chargé de crimes si honorables. Ah ! petit traître, vous êtes bien heureux d’avoir de si brillantes indignités sur votre compte.