Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 3.djvu/459

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LÉLIO

, riant.

Tu me charmes de penser ainsi ; viens que je t’embrasse. Ma foi ; à ton tour, tu m’as tout l’air d’avoir été l’écueil de bien des cœurs. Fripon, combien de réputations as-tu blessé à mort dans ta vie ? Combien as-tu désespéré d’Arianes ? Dis.

LE CHEVALIER

Hélas ! Tu te trompes ; je ne connais point d’aventures plus communes que les miennes ; j’ai toujours eu le malheur de ne trouver que des femmes très sages.

LÉLIO

Tu n’as trouvé que des femmes très sages ? Où diantre t’es-tu donc fourré ? Tu as fait là des découvertes bien singulières ! Après cela, qu’est-ce que ces femmes-là gagnent à être si sages ? Il n’en est ni plus ni moins. Sommes-nous heureux, nous le disons ; ne le sommes-nous pas, nous mentons ; cela revient au même pour elles. Quant à moi, j’ai toujours dit plus de vérités que de mensonges.

LE CHEVALIER

Tu traites ces matières-là avec une légèreté qui m’enchante.

LÉLIO

Revenons à mes affaires. Quelque jour je te dirai de mes espiègleries qui te feront rire. Tu es un cadet de maison, et, par conséquent, tu n’es pas extrêmement riche.