Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 3.djvu/487

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TRIVELIN

Voici le plus touchant. Ah ! la belle main ! s’écria-t-il ensuite ; souffrez que je l’admire. Il n’est pas nécessaire. De grâce. Je ne veux point… Ce nonobstant, la main est prise, admirée, caressée ; cela va tout de suite… Arrêtez-vous… Point de nouvelles. Un coup d’éventail par là-dessus, coup galant qui signifie : ne lâchez point ; l’éventail est saisi ; nouvelles pirateries sur la main qu’on tient ; l’autre vient à son secours ; autant de pris encore par l’ennemi : mais je ne vous comprends point ; finissez donc. Vous en parlez bien à votre aise, Madame. Alors la Comtesse de s’embarrasser, le Chevalier de la regarder tendrement ; elle de rougir ; lui de s’animer ; elle de se fâcher sans colère ; lui de se jeter à ses genoux sans repentance ; elle de pousser honteusement un demi-soupir ; lui de riposter effrontément par un tout entier ; et puis vient du silence ; et puis des regards qui sont bien tendres ; et puis d’autres qui n’osent pas l’être ; et puis… Qu’est-ce que cela signifie, Monsieur ? Vous le voyez bien, Madame. Levez-vous donc. Me pardonnez-vous ? Ah je ne sais. Le procès en était là quand vous êtes venu, mais je crois maintenant les parties d’accord : qu’en dites-vous ?

LÉLIO

Je dis que ta découverte commence à prendre forme.

TRIVELIN

Commence à prendre forme ! Et jusqu’où prétendez-