Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 3.djvu/491

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TRIVELIN

Tu n’y demeureras pas toujours. Mais de grâce, instruis-moi d’une chose à ton tour : ton maître et Monsieur le Chevalier s’aiment-ils beaucoup ?

ARLEQUIN

Oui.

TRIVELIN

Fi ! Se témoignent-ils de grands empressements ? Se font-ils beaucoup d’amitiés ?

ARLEQUIN

Ils se disent : comment te portes-tu ? À ton service. Et moi aussi. J’en suis bien aise… Après cela ils dînent et soupent ensemble ; et puis : bonsoir ; je te souhaite une bonne nuit, et puis ils se couchent, et puis ils dorment, et puis le jour vient. Est-ce que tu veux qu’ils se disent des injures ?

TRIVELIN

Non, mon ami ; c’est que j’avais quelque petite raison de te demander cela, par rapport à quelque aventure qui m’est arrivée ici.

ARLEQUIN

Toi ?

TRIVELIN

Oui, j’ai touché le cœur d’une aimable personne, et l’amitié de nos maîtres prolongera notre séjour ici.

ARLEQUIN

Et où est-ce que cette rare personne-là habite avec son cœur ?