Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 3.djvu/492

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TRIVELIN

Ici, te dis-je. Malpeste, c’est une affaire qui m’est de conséquence.

ARLEQUIN

Quel plaisir ! Elle est jeune ?

TRIVELIN

Je lui crois dix-neuf à vingt ans.

ARLEQUIN

Ah ! le tendron ! Elle est jolie ?

TRIVELIN

Jolie ! quelle maigre épithète ! Vous lui manquez de respect ; sachez qu’elle est charmante, adorable, digne de moi.

ARLEQUIN

, touché.

Ah ! m’amour ! friandise de mon âme !

TRIVELIN

Et c’est de sa main mignonne que je tiens ces louis d’or dont tu parles, et que le don qu’elle m’en a fait me rend si précieux.

ARLEQUIN

, à ce mot, laisse aller ses bras.

Je n’en puis plus.

TRIVELIN

, à part.

Il me divertit ; je veux le pousser jusqu’à l’évanouissement. Ce n’est pas le tout, mon ami : ses discours ont charmé mon cœur ; de la manière dont elle m’a peint, j’avais honte de me trouver si aimable. M’aimerez-vous ? me disait-elle ; puis-je compter sur votre cœur ?