Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 3.djvu/528

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

LÉLIO

, avec dédain.

Je vous dis que vous manquez de cœur, et qu’une quenouille siérait mieux à votre côté qu’une épée.

LE CHEVALIER

Avec une quenouille, mes pareils vous battraient encore.

LÉLIO

Oui, dans une ruelle.

LE CHEVALIER

Partout. Mais ma tête s’échauffe ; vérifions un peu votre état. Regardez-moi entre deux yeux ; je crains encore que ce ne soit un accès de fièvre, voyons. (Lélio le regarde.) Oui, vous avez quelque chose de fou dans le regard, et j’ai pu m’y tromper. Allons, allons ; mais que je sache du moins en vertu de quoi je vais vous rendre sage.

LÉLIO

Nous passons dans ce petit bois, je vous le dirai là.

LE CHEVALIER

Hâtons-nous donc. (À part.) S’il me voit résolue, il sera peut-être poltron.

Ils marchent tous deux, quand ils sont tout près de sortir du théâtre.

LÉLIO

se retourne, regarde le Chevalier, et dit.

Vous me suivez donc ?

LE CHEVALIER

Qu’appelez-vous, je vous suis ? qu’est-ce que cette réflexion-là. Est-ce qu’il vous plairait à présent de prendre le transport au cerveau pour excuse ? Oh ! il n’est-plus temps ; raisonnable ou fou ; malade ou sain,