Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 3.djvu/532

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

il a avancé la main pour prendre cet argent ; mais la mienne était là, et il est tombé dedans. Quand le Chevalier a vu que j’étais là : mon fils, m’a-t-il dit, n’apprends pas au monde que je suis une fillette. Non, mamour ; mais donnez-moi votre cœur. Prends, a-t-elle repris. Ensuite elle a dit à Trivelin de me donner de l’or. Nous avons été boire ensemble, le cabaret en est témoin et je reviens exprès pour avoir l’or et le cœur ; et voilà qu’on m’appelle un faquin ! Le Chevalier rêve.

LÉLIO

Va-t’en, laisse-nous, et ne dis mot à personne.

ARLEQUIN

sort.

Ayez donc soin de mon bien. Hé, hé, hé


Scène V

LE CHEVALIER, LÉLIO


LÉLIO

Eh bien, Monsieur le duelliste, qui se battra sans blesser les ordonnances, je vous crois, mais qu’avez-vous à répondre ?

LE CHEVALIER

Rien ; il ne ment pas d’un mot.

LÉLIO

Vous voilà bien déconcertée, ma mie.

LE CHEVALIER

Moi, déconcertée ! pas un petit brin, grâces au ciel ; je suis une femme, et je soutiendrai mon caractère.