Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 3.djvu/537

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

pas, non plus que vous, à un tour de fourberie près. Je vous ouvre aussi mon cœur ; je ne crains pas de scandaliser le vôtre, et nous ne nous soucierons pas de nous estimer ; ce n’est pas la peine entre gens de notre caractère ; pour conclusion, faites ma fortune, et je dirai que vous êtes un honnête homme ; mais convenons de prix pour l’honneur que je vous fournirai ; il vous en faut beaucoup.

LÉLIO

Eh ! demande-moi ce qu’il te plaira, je te l’accorde.

LE CHEVALIER

Motus au moins ! gardez-moi un secret éternel. Je veux deux mille écus, je n’en rabattrai pas un sou ; moyennant quoi, je vous laisse ma maîtresse, et j’achève avec la Comtesse. Si nous nous accommodons, dès ce soir j’écris une lettre à Paris, que vous dicterez vous-même ; vous vous y ferez tout aussi beau qu’il vous plaira, je vous mettrai à même. Quand le mariage sera fait, devenez ce que vous pourrez, je serai nantie, et vous aussi ; les autres prendront patience.

LÉLIO

Je te donne les deux mille écus, avec mon amitié.

LE CHEVALIER

Oh ! pour cette nippe-là, je vous la troquerai contre cinquante pistoles, si vous voulez.

LÉLIO

Contre cent, ma chère fille.