Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 4.djvu/32

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Trivelin Vaine minaudière et coquette, voilà d’abord à peu près sur quoi je vais vous interroger au hasard. Cela la regarde-t-il ?

Cléantis

Vaine minaudière et coquette, si cela la regarde ? Eh voilà ma chère maîtresse ; cela lui ressemble comme son visage.

Euphrosine

N’en voilà-t-il pas assez, Monsieur ?

Trivelin

Ah ! je vous félicite du petit embarras que cela vous donne ; vous sentez, c’est bon signe, et j’en augure bien pour l’avenir : mais ce ne sont encore là que les grands traits ; détaillons un peu cela. En quoi donc, par exemple, lui trouvez-vous les défauts dont nous parlons ?

Cléantis

En quoi ? partout, à toute heure, en tous lieux ; je vous ai dit de m’interroger ; mais par où commencer ? je n’en sais rien, je m’y perds. Il y a tant de choses, j’en ai tant vu, tant remarqué de toutes les espèces, que cela me brouille. Madame se tait, Madame parle ; elle regarde, elle est triste, elle est gaie : silence, discours, regards, tristesse et joie, c’est tout un, il n’y a que la couleur de différente ; c’est vanité muette, contente ou fâchée ; c’est coquetterie babillarde, jalouse ou curieuse ; c’est Madame, toujours vaine ou