Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 4.djvu/34

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fini, il faut envelopper ce visage-là, nous n’aurons que du négligé, Madame ne verra personne aujourd’hui, pas même le jour, si elle peut ; du moins fera-t-il sombre dans la chambre. Cependant il vient compagnie, on entre : que va-t-on penser du visage de Madame ? on croira qu’elle enlaidit : donnera-t-elle ce plaisir-là à ses bonnes amies ? Non, il y a remède à tout : vous allez voir. Comment vous portez-vous, Madame ? Très mal, Madame ; j’ai perdu le sommeil ; il y a huit jours que je n’ai fermé l’œil ; je n’ose pas me montrer, je fais peur. Et cela veut dire : Messieurs, figurez-vous que ce n’est point moi, au moins ; ne me regardez pas, remettez à me voir ; ne me jugez pas aujourd’hui ; attendez que j’aie dormi. J’entendais tout cela, moi, car nous autres esclaves, nous sommes doués contre nos maîtres d’une pénétration !… Oh ! ce sont de pauvres gens pour nous.

Trivelin, à Euphrosine.

Courage, Madame ; profitez de cette peinture-là, car elle me paraît fidèle.

Euphrosine

Je ne sais où j’en suis.

Cléantis

Vous en êtes aux deux tiers ; et j’achèverai, pourvu que cela ne vous ennuie pas.

Trivelin

Achevez, achevez ; Madame soutiendra bien le reste.