Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 4.djvu/44

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Arlequin Laisse-moi faire ; quand je t’aurai offensé, je te demanderai pardon après.

Trivelin

Il ne s’agit que d’une bagatelle ; j’en ai demandé autant à la jeune fille que vous avez vue, sur le chapitre de sa maîtresse.

Arlequin

Eh bien, tout ce qu’elle vous a dit, c’était des folies qui faisaient pitié, des misères, gageons ?

Trivelin

Cela est encore vrai.

Arlequin

Eh bien, je vous en offre autant ; ce pauvre jeune garçon en fournira pas davantage ; extravagance et misère, voilà son paquet ; n’est-ce pas là de belles guenilles pour les étaler ? Étourdi par nature ! étourdi par singerie, parce que les femmes les aiment comme cela, un dissipe-tout ; vilain quand il faut être libéral, libéral quand il faut être vilain ; bon emprunteur, mauvais payeur ; honteux d’être sage, glorieux d’être fou ; un petit brin moqueur des bonnes gens ; un petit brin hâbleur ; avec tout plein de maîtresses qu’il ne connaît pas ; voilà mon homme. Est-ce la peine d’en tirer le portrait ? (À Iphicrate.) Non, je n’en ferai rien, mon ami, ne crains rien.