Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 4.djvu/60

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Arlequin Parce que je me moque un petit brin de toi, cela empêche-t-il que je ne t’aime ? Tu disais bien que tu m’aimais, toi, quand tu me faisais battre ; est-ce que les étrivières sont plus honnêtes que les moqueries ?

Iphicrate

Je conviens que j’ai pu quelquefois te maltraiter sans trop de sujet.

Arlequin

C’est la vérité.

Iphicrate

Mais par combien de bontés n’ai-je pas réparé cela !

Arlequin

Cela n’est pas de ma connaissance.

Iphicrate

D’ailleurs, ne fallait-il-pas te corriger de tes défauts ?

Arlequin

J’ai plus pâti des tiens que des miens ; mes plus grands défauts, c’était ta mauvaise humeur, ton autorité, et le peu de cas que tu faisais de ton pauvre esclave.

Iphicrate

Va, tu n’es qu’un ingrat ; au lieu de me secourir ici, de partager mon affliction, de montrer à tes camarades l’exemple d’un attachement qui les eût touchés, qui les eût engagés peut-être à renoncer à leur