Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 4.djvu/83

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Scène II

BLAISE, CLAUDINE


BLAISE

Ah çà, Claudine, j’ons passé dix ans à Paris, moi. Je connaissons le monde, je vais te l’apprendre. Nous velà riches, faut prendre garde à ça.

CLAUDINE

C’est bian dit, mon homme, faut jouir.

BLAISE

Ce n’est pas le tout que de jouir, femme : faut avoir de belles manières.

CLAUDINE

Certainement, et il n’y a d’abord qu’à m’habiller de brocard, acheter des jouyaux et un collier de parles : tu feras pour toi à l’avenant.

BLAISE

Le brocard, les parles et les jouyaux ne font rian à mon dire, t’en auras à bauge, j’aurons itou du d’or sur mon habit. J’avons déjà acheté un castor avec un casaquin de friperie, que je boutrons en attendant que j’ayons tout mon équipage à forfait. Je dis tant