Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 4.djvu/84

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

seulement que c’est le marchand et le tailleur qui baillont tout cela ; mais c’est l’honneur, la fiarté et l’esprit qui baillont le reste.

CLAUDINE

De l’honneur ! j’en avons à revendre d’abord.

BLAISE

Ça se peut bian ; stapendant de cette marchandise-là, il ne s’en vend point, mais il s’en pard biaucoup.

CLAUDINE

Oh bian donc, je n’en vendrai ni n’en pardrai.

BLAISE

Ça suffit ; mais je ne parle point de cet honneur de conscience, et ceti-là, tu te contenteras de l’avoir en secret dans l’âme ; là, t’en auras biaucoup sans en montrer tant.

CLAUDINE

Comment, sans en montrer tant ! je ne montrerai pas mon honneur !

BLAISE

Eh morgué, tu ne m’entends point : c’est que je veux dire qu’il ne faut faire semblant de rian, qu’il faut se conduire à l’aise, avoir une vartu négligente, se parmettre un maintien commode, qui ne soit point malhonnête, qui ne soit point honnête non plus, de ça qui va comme il peut ; entendre tout, repartir à tout, badiner de tout.

CLAUDINE

Savoir queu badinage on me fera.