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Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 4.djvu/88

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CLAUDINE

Mais quand je ne serons que tous deux, est-ce que tu me haïras ?

BLAISE

Oh ! non ; je pense qu’il n’y a pas d’obligation à ça ; stapendant je nous en informerons pour être pus sûrs ; mais il y a une autre bagatelle qui est encore pour le bon air ; c’est que j’aurons une maîtresse qui sera queuque chiffon de femme, qui sera bian laide et bian sotte, qui ne m’aimera point, que je n’aimerai point non pus ; qui me fera des niches, mais qui me coûtera biaucoup, et qui ne vaura guère, et c’est là le plaisir.

CLAUDINE

Et moi, combian me coûtera un galant ? car c’est mon devoir d’honnête madame d’en avoir un itou, n’est-ce pas ?

BLAISE

T’en auras trente, et non pas un.

CLAUDINE

Oui, trente à l’entour de moi, à cause de ma vartu commode ; mais ne me faut-il pas un galant à demeure ?

BLAISE

T’as raison, femme ; je pense itou que c’est de la belle manière, ça se pratique ; mais ce chapitre-là ne me reviant pas.