Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 6.djvu/139

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se ressemble ; et si on mettait là tous ceux qui sont comme vous, sans qu’on le sache ; s’il fallait que le commissaire les emportât, où diantre les mettrait-il ? Dans le monde, on est ce qu’on peut, et non pas ce qu’on veut. Vous voilà grande et bien faite, et puis Dieu est le père de ceux qui n’en ont point. Charité n’est pas morte. Par exemple, n’est-ce pas une providence que ce M. de Climal ? Il est vrai qu’il ne va pas droit dans ce qu’il fait pour vous ; mais qu’importe ? Dieu mène tout à bien ; si l’homme n’en vaut rien, l’argent en est bon, et encore meilleur que d’un bon chrétien, qui ne donnerait pas la moitié tant. Demeurez en repos, mon enfant : je ne vous recommande que le ménage. On ne vous dit point d’être avaricieuse. Voilà que ma fête arrive ; quand ce viendra la vôtre, celle de Toinon, dépensez alors, qu’on se régale, à la bonne heure, chacun en profite ; mais hors cela, et dans les jours de carnaval, où tout le monde se réjouit, gardez-moi votre petit fait.

Elle en était là de ses leçons, dont elle ne se lassait pas, et dont une partie me scandalisait plus que ses brusqueries, quand on frappa à la porte. Nous verrons qui c’était dans la suite ; c’est ici que