Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 6.djvu/144

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dans la salle, vous ne seriez pas bien ici ; c’est notre taudis. Venez, Marianne, appuyez-vous sur moi ; je vous mènerai jusque-là ; attendez, attendez, je m’en vais chercher mon aune, avec quoi vous vous soutiendrez. Non, non, dit M. de Climal, je l’aiderai ; prenez mon bras, mademoiselle. Et là-dessus je me lève ; nous rentrâmes dans la boutique pour passer dans cette petite salle, où je crois que j’aurais fort bien été toute seule, en me soutenant d’une canne.

Ah çà ! dit Mme Dutour pendant que je m’assoyais dans un fauteuil, puisque vous avez à, entretenir Marianne, moi je vais prendre ma coiffe, et sortir pour aller entendre un petit bout de vêpres ; elles seront bien avancées : mais je ne perdrai pas tout, et j’en aurai toujours peu ou prou. Adieu, monsieur ; excusez si je m’en vais, je vous laisse le gardien de la maison. Marianne, si quelqu’un vient me demander, dites que je ne serai pas longtemps, entendez-vous, ma fille ? Monsieur, je suis votre servante.

Elle nous quitta alors, sortit un moment après, et ne fit que tirer la porte de la rue sans la fermer, parce qu’il ne pouvait entrer qui que ce soit dans la boutique sans que nous le vissions de la salle.

Jusque-là M. de Climal avait eu l’air sombre et rêveur, ne m’avait pas dit quatre paroles, et semblait attendre qu’elle fût partie pour entamer la conversation ; de mon côté, à l’air intrigué que je lui voyais, je me doutais de ce qu’il allait me dire et j’en étais dégoûtée d’avance. Apparemment qu’il va être question de son amour, pensais-je en moi-