Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 6.djvu/143

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chirurgien qui ne se trouve pas là à point nommé ; il faut qu’il vienne, qu’il voie ce que c’est, qu’on déchausse une fille, qu’on la rechausse, qu’elle se repose ; ensuite un fiacre dont elle a eu besoin, et qui me l’a ramenée ici toute éclopée, pour ma peine de l’avoir attendue jusqu’à une heure et demie ; et puis est-ce là tout ? Vous croyez qu’on va dîner, n’est-ce pas ? Bon ! n’y avait-il pas encore ce maudit fiacre que j’ai voulu payer moi-même pour épargner l’argent de Marianne, qui ne se connaît pas à cela, et qui, malgré moi, a été lui donner plus qu’il ne fallait ! J’étais dans une colère ! Aussi je l’aurais battu, si j’avais été assez forte.

Il y a eu donc bien du bruit ? dit M. de Climal. Oh ! du bruit, si vous voulez, reprit-elle ; je me suis un peu emportée contre lui ; mais au surplus il n’y a eu que quelques voisins qui se sont assemblés à notre porte, quelques passants par-ci par-là

Tant pis, lui dit-il assez froidement : ce sont là de ces scènes qu’il faut éviter le plus qu’on peut ; et Marianne, qui l’a payé, a pris le bon parti. Comment va votre pied ? ajouta-t-il en s’adressant à moi. Assez bien, lui dis-je, je n’y sens presque plus que de la faiblesse, et j’espère que demain il n’y aura rien.

Avez-vous achevé de dîner ? nous dit-il. Oh ! sans doute, reprit Mme Dutour ; nous causions de choses et d’autres. Ne vous asseyez-vous pas, monsieur ? avez-vous quelque chose à dire à Marianne ? Oui, dit-il j’ai à lui parler.

Eh bien ! reprit-elle, ayez donc la bonté de passer