Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 6.djvu/159

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pour vous prouver la sincérité de mes intentions (car je ne veux pas que vous ayez le scrupule de m’en croire totalement sur ma parole), ne voulez-vous pas bien ; dis-je, qu’en attendant mieux, je vous apporte demain un petit contrat de cinq cents livres de rente ? Parlez, ma belle enfant, serez-vous prête demain ? viendra-t-on ? oui, n’est-ce pas ?

D’abord, je ne répondis rien ; une indignité si déclarée me confondait, me coupait la parole, et je restais immobile, les yeux baissés et mouillés de larmes.

À quoi rêvez-vous donc, ma chère Marianne ? me dit-il : le temps nous presse, la Dutour va rentrer ; en est-ce fait ? parlerai-je ce soir à mon homme ?

À ces mots, revenant à moi : Ah ! monsieur, m’écriai-je, on ne vous connaît donc pas ? Ce religieux qui m’a menée à vous m’avait dit que vous étiez un si honnête homme !

Mes pleurs et mes soupirs m’empêchèrent d’en dire davantage. Eh ! ma chère enfant, me répondit-il, quelle fausse idée vous faites-vous des choses ! Hélas !