Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 6.djvu/166

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avec une action vive et rapide, qui exprimait bien les mouvements d’un jeune petit cœur fier, vertueux et insulté ; il n’y a plus que l’habit et le linge dont je vais tout à l’heure faire un paquet que vous emporterez dans votre carrosse, monsieur ; et comme j’ai sur moi quelques-unes de ces hardes-là, dont j’ai autant d’horreur que de vous, je ne veux que le temps d’aller me déshabiller dans ma chambre, et je suis à vous dans l’instant : attendez-moi, sinon je vous promets de jeter le tout par la fenêtre.

Et pendant que je lui tenais ce discours, vous remarquerez que je détachais mes épingles, et que je me décoiffais, parce que la cornette que je portais venait de lui, de façon qu’en un moment elle fut ôtée, et que je restai nu-tête avec ces beaux cheveux dont je vous ai parlé, et qui me descendaient jusqu’à la ceinture.

Ce spectacle le démonta ; j’étais dans un transport étourdi qui ne ménageait rien ; j’élevais ma voix, j’étais échevelée, et le tout ensemble jetait dans cette scène un fracas, une indécence qui l’alarmait, et qui aurait pu dégénérer en avanie pour lui.

Je voulais le quitter pour aller faire ce paquet dans ma chambre ; il me retenait à cause de mon impétuosité, et balbutiait, avec des lèvres pâles, quelques mots que je n’écoutais point :