Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 6.djvu/173

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À lui ! reprit-elle, vous êtes donc folle ? Je le lui remettrais comme je danse, pas plus à lui qu’à Jean de Vert ; il n’en verrait pas seulement une rognure, ni petite ni grosse. Vous vous moquez ; n’est-ce pas, une aumône qu’il vous a faite ? Et ce qu’on a remis, savez-vous bien qu’on ne l’a plus, ma fille ?

Elle n’en serait pas restée là sans doute, et se serait efforcée, quoique inutilement, de me convertir là-dessus, sans une vieille femme qui arriva, et qui avait affaire à elle ; et dès qu’elle m’eut quittée, je montai dans notre chambre. Je dis la nôtre, parce que je la partageais avec Toinon.

De mes sentiments à l’égard de M. de Climal, je ne vous en parlerai plus ; je n’aurais pu tenir à lui que par de la reconnaissance ; il n’en méritait plus de ma part : je le détestais, je le regardais comme un monstre, et ce monstre m’était indifférent ; je n’avais point de regret que c’en fût un. Il était bien arrêté que je lui rendrais ses présents, que je ne le reverrais jamais ; cela me suffisait, et je ne songeai presque plus à lui. Voyons ce que je fis dans ma chambre.

L’objet qui m’occupa d’abord, vous allez croire que ce fut la malheureuse situation ou je restais ; non, cette situation ne regardait que ma vie, et ce qui m’occupa me regardait, moi.

Vous direz que je rêve de distinguer cela. Point du tout : notre vie, pour ainsi dire, nous est moins chère que nous, que nos passions. À voir quelquefois ce qui se passe dans notre instinct là-dessus, on dirait