tant de tort ? Ce Climal est un homme âgé, un homme riche ; il le voit à genoux devant moi ; je lui ai caché que je le connaissais, et je suis pauvre ; à quoi cela ressemble-t-il ? quelle opinion peut-il avoir de moi après cela ? Qu’ai-je à lui reprocher ? S’il m’aime, il est naturel qu’il me croie coupable, il a dû me dire ce qu’il m’a dit ; et il est bien fâcheux pour lui d’avoir eu tant d’estime et de penchant pour une fille qu’il est obligé de mépriser. Oui ; mais enfin il me méprise donc actuellement, il m’accuse de tout ce qu’il y a de plus affreux, il n’a pas hésité un instant à me condamner, pas seulement attendu qu’il m’eût parlé. Et je pourrais excuser cet homme-là ! J’aurais encore le courage de le voir ! il faudrait que je fusse bien lâche, que j’eusse bien peu de cœur. Qu’il eût des soupçons, qu’il fût en colère, qu’il fût outré, à la bonne heure ; mais du mépris, du dédain, des outrages, mais s’en aller, voir que je le rappelle, et ne pas revenir, lui qui m’aimait, et qui ne m’aime plus apparemment ! Ah ! j’ai bien autre chose à faire qu’à songer à un homme qui se trompe si indignement, qui me connaît si mal ! Qu’il devienne ce qu’il voudra ; l’oncle est parti, laissons là le neveu. L’un est un misérable, et l’autre croit que j’en suis une ; ne sont-ce pas là des gens bien regrettables ?
Mais à propos, j’ai un paquet à faire, dis-je encore en moi-même en me levant d’un fauteuil où j’avais fait tout le soliloque que je viens de rapporter ; à quoi est-ce que je m’amuse, puisque je sors demain ? Il faut renvoyer ces hardes aujourd’hui,