Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 6.djvu/211

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

mais que ne vous êtes-vous adressée au curé de votre paroisse ? Notre communauté ne peut vous aider que de ses prières, elle n’est pas en état de vous recevoir : et tout ce que je puis faire, c’est de vous recommander à la charité de nos dames pensionnaires ; je quêterai pour vous, et je vous remettrai demain ce que j’aurai ramassé. (Quêter pour un ange, la belle chose à lui proposer !)

Non, ma mère, non, répondis-je d’un ton sec et ferme, je n’ai encore rien dépensé de la petite somme d’argent que m’a laissée mon amie, et je ne venais pas demander l’aumône. Je crois que, lorsqu’on a du cœur, il n’en faut venir à cela que pour s’empêcher de mourir, et j’attendrai jusqu’à cette extrémité ; je vous remercie.

Et moi, je ne souffrirai point qu’une fille aussi bien née y soit jamais réduite, dit en ce moment la dame qui avait gardé le silence. Reprenez courage, mademoiselle ; vous pouvez encore prétendre à une amie dans le monde : je veux vous consoler de la perte de celle que vous regrettez, et il ne tiendra pas à moi que je ne vous sois aussi chère qu’elle vous l’a été. Ma