Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 6.djvu/240

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chirurgien disait qu’il avait eu pour moi ? Vraiment, mon cœur, tout troublé, tout effrayé qu’il avait été d’abord, avait bien recueilli ces petits traits-là ; et ce que Mme de Miran avait conclu de ce respect ne lui était pas échappé non plus.

S’il la respecte, il l’aime donc beaucoup, avait-elle dit, et j’étais tout à fait de son avis ; la conséquence me paraissait fort sensée et fort satisfaisante : de sorte qu’en ce moment j’avais de la honte, de l’inquiétude et du plaisir ; mais ce plaisir était si doux, cette idée d’être véritablement aimée de Valville eut tant de charmes, m’inspira des sentiments si désintéressés et si raisonnables, me fit penser si noblement ; enfin, le cœur est de si bonne composition quand il est content en pareil cas, que vous allez être édifiée du parti que je pris : oui, vous allez voir une action qui prouva que Valville avait eu raison de me respecter.

Je n’étais rien, je n’avais rien qui pût me faire considérer ; mais à ceux qui n’ont ni rang, ni richesses qui en imposent, il leur reste une âme, et c’est beaucoup ; c’est quelquefois plus que le rang et la richesse, elle