Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 6.djvu/251

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rien, et qu’une autre personne que vous ne pourrait plus souffrir ! Eh ! mon Dieu, où serais-je sans la charité que vous avez pour moi ? songez-vous que sans ma mère j’aurais actuellement la confusion de demander ma vie à tout le monde ? et malgré cela, vous avez peur de m’humilier ! Y a-t-il encore sur la terre un cœur comme le vôtre ?

Eh ! ma fille, s’écria-t-elle à son tour, qui est-ce qui n’aurait pas le cœur bon avec toi, chère enfant ? tu m’enchantes. Oh ! elle vous enchante, à la bonne heure, dit alors Mme Dorsin. Mais finissez toutes deux, car je n’y saurais tenir, vous m’attendrissez trop.

Revenons donc à ce que nous disions, reprit ma bienfaitrice. Puisque nous décidons qu’elle parlera à Valville, attendra-t-elle qu’il revienne la voir, ou pour aller plus vite, ne vaut-il pas mieux qu’elle lui écrive de venir ?

Sans difficulté, dit Mme Dorsin, qu’elle écrive ; mais je suis d’avis auparavant que nous sachions ce qu’il lui dit dans la lettre que vous tenez, et que vous avez lue tout bas ; c’est ce qui réglera ce que nous devons faire. Oui, dis-je aussi d’un air simple et naïf, il faut voir ce qu’il pense, d’autant plus que j’ai oublié de vous dire que je lui écrivis, le jour que je vins ici, une heure avant que d’y entrer. Eh ! pourquoi, Marianne ? me dit Mme de Miran.

Hélas ! par nécessité, madame, répondis-je, c’est que je lui envoyais un paquet, où il y avait une robe que je n’ai mise qu’une fois, du linge et quelque argent ;