Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 6.djvu/257

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laisser le temps de lui dire que je t’ai rencontrée dans ce couvent, que c’est moi qui t’y ai mise en pension, et que dans nos entretiens le hasard t’a appris que j’étais sa mère ; que je t’ai dit qu’il me chagrinait ; que depuis qu’il avait vu une jeune personne qu’on avait portée chez moi, et dont tu ajouteras que je t’ai conté l’histoire, il refusait de terminer un mariage qui était arrêté. Je me montrerai là-dessus, comme si j’arrivais pour te voir, et puis ce sera à toi, ma fille, à achever le reste : adieu, Marianne, jusqu’à demain. Adieu, ma chère enfant, me dit aussi Mme Dorsin ; je suis votre bonne aime au moins, ne l’oubliez pas ; jusqu’au revoir, et ce sera bientôt. Je veux qu’au premier jour elle vienne dîner avec vous chez moi, madame ; si vous ne me l’amenez pas, je viendrai la chercher, je vous en avertis. Je serai de la partie la première fois, dit Mme de Miran, après quoi je vous la laisserai tant qu’il vous plaira.

Je ne répondis à tout cela que par un souris et par une profonde révérence ; elles s’en allèrent, et je restai dans une situation d’esprit assez paisible.

Qui m’aurait vue, m’aurait cru triste ; et dans le