Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 6.djvu/263

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Non, ce n’est point cela, lui dis-je sans pouvoir poursuivre. Ce n’est point cela, mademoiselle, me répondit-il, et vous me parlez d’obstacles !

Nous en étions là de notre conversation, quand Mme de Miran entra : jugez de la surprise de Valville.

Quoi ! c’est ma mère, s’écria-t-il en se levant. Ah ! mademoiselle, tout est concerté. Oui, mon fils, lui dit-elle d’un ton plein de douceur et de tendresse, nous voulions vous le cacher : mais je vous l’avoue de bonne foi ; le savais que vous deviez être ici, et nous étions convenues que je m’y rendrais. Ma chère fille, ajouta-t-elle en s’adressant à moi, Valville est-il au fait ? l’as-tu instruit ?

Non, ma mère, lui dis-je fortifiée par sa présence, et ranimée par la façon affectueuse dont elle me parlait devant lui ; non, je n’ai pas eu le temps ; monsieur ne venait que d’entrer, et notre entretien ne faisait que commencer quand vous êtes arrivée. Mais je vais lui conter tout devant vous, ma mère.

Et sur-le-champ : Vous voyez, monsieur, dis-je à Valville, qui ne savait ce que nous voulions dire avec ces noms que nous nous donnions, vous voyez comment Mme de Miran me traite ; ce qui vous marque bien les bontés qu’elle a pour moi, et même les obligations que je lui ai. Je lui en ai tant que cela n’est pas croyable ; et vous seriez le premier à dire que je serais indigne de vivre, si je ne vous conjurais pas