Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 6.djvu/271

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y rêver, nous verrons. Consentez du moins que je l’aime, ajouta-t-il. Eh ! juste ciel ! à quoi servirait-il que je te le défendisse ? Aime-la, mon enfant, aime-la ; il en arrivera ce qui pourra, reprit-elle.

J’avais pourtant dit que j’allais être religieuse, et je pensai le répéter par excès de zèle ; mais comme Mme de Miran l’oubliait, je m’avisai tout d’un coup de réfléchir que je ne devais pas l’en faire ressouvenir.

Je venais de m’épuiser en générosité, il n’y avait rien que je n’eusse dit pour détourner Valville de m’aimer ; mais s’il plaisait à Mme de Miran de vouloir bien qu’il m’aimât, si son propre cœur s’attendrissait jusque-là pour son fils ou pour moi, je n’avais qu’à me taire ; ce n’était pas à moi à lui dire : Madame, prenez garde à ce que vous faites, Cet excès de désintéressement de ma part n’aurait été ni naturel ni raisonnable.

Ainsi je ne dis mot. Elle se leva : Quelle dangereuse petite fille tu es, Marianne, me dit-elle en se