Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 6.djvu/272

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levant ; adieu. Partons, mon fils ; et le fils ne cessait de lui baiser la main qu’il tenait, ce qui n’était pas si mal entendu.

Oui, oui, ajouta-t-elle, je comprends bien ce que cela veut dire, mais je ne déciderai rien ; je ne sais à quoi me résoudre ; quelle situation ! Adieu, il est tard ; va dîner, ma fille, je te reverrai bientôt. Je la saluai alors sans rien répondre ; et comme je paraissais pleurer, et que le m’essuyais les yeux de mon mouchoir : Pourquoi pleures-tu ? me dit-elle, je n’ai rien à te reprocher ; je ne saurais te savoir mauvais gré d’être aimable ; va-t’en, tranquillise-toi. Donne-moi la main, Valville.

Et sur-le-champ elle descendit l’escalier, aidée de son fils, qui, par discrétion, ne me parla que des yeux, et ne prit congé de moi que par une révérence que je lui rendis d’un air mal assuré, et comme une personne qui avait peur de s’émanciper trop et d’abuser de l’indulgence de la mère en le saluant.

Me voilà seule, et bien plus agitée que je ne l’avais été la veille, lorsque Mme de Miran me quitta.

Aussi y avait-il ici matière à bien d’autres mouvements. Aime-la, mon enfant, il en arrivera ce qui pourra, avait dit ma bienfaitrice à son fils, et puis nous verrons, je ne sais que résoudre, avait-elle ajouté ; et dans le fond, c’était m’avoir dit à moi-même : espérez ; aussi espérais-je, mais en tremblant, mais en me traitant de folle d’oser espérer si mal à propos ; et en pareil cas, on souffre beaucoup ; il