Ce pauvre homme (car l’instant approche où il méritera que j’adoucisse mes expressions sur son chapitre), ce pauvre homme, pour qui, par une espèce de fatalité, je devais toujours être un sujet d’embarras et d’alarmes, perdit toute contenance en me voyant, et n’eut pas la force de me regarder en face.
Je rougis à mon tour, mais en ennemie hardie et indignée, qui se sent l’avantage d’une bonne conscience, et qui a droit de confondre une âme coupable et au-dessous de la sienne.
Je doutais s’il me saluerait ou non, et il n’en fit rien, et je l’imitai par hauteur, par prudence, et même par une sorte de pitié pour lui ; il y avait de tout cela dans mon esprit.
Je m’aperçus que Mme de Miran l’observait, et je suis persuadée qu’elle sentit bien le désordre où il se trouvait, tant à cause de moi qu’à cause de Valville, que, par bonheur pour lui encore, il croyait seul au fait de son indignité. Le service commença ; il y eut un sermon qui fut fort beau ; je ne dis pas bon : ce fut avec la vanité de prêcher élégamment qu’on nous prêcha la vanité des choses de ce monde, et c’est là le vice de nombre de prédicateurs ; c’est bien moins pour notre instruction qu’en