Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 6.djvu/28

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les occasions où vous aurez besoin de nos conseils ; pour nous, nous ne vous manquerons jamais.

Je ne vous rapporterai point tout ce qu’il me dit encore avant que nous partissions : j’abrège, car je m’imagine que toutes ces minuties de mon bas âge vous ennuient : cela n’est pas fort intéressant, et il me tarde d’en venir à d’autres choses ; j’en ai beaucoup à dire, et il faut que je vous aime bien pour m’être mise en train de vous faire une histoire qui sera très longue : je vais barbouiller bien du papier ; mais je ne veux pas songer à cela, il ne faut pas seulement que ma paresse le sache : avançons toujours.

Nous partîmes donc, la sœur du curé et moi, et nous voilà à Paris ; il fallait presque le traverser tout entier pour arriver chez le parent dont j’ai parlé.

Je ne saurais vous dire ce que je sentis en voyant cette grande ville, et son fracas, et son peuple, et ses rues. C’était pour moi l’empire de la lune : je n’étais plus à moi, je ne me ressouvenais plus de rien ; j’allais, j’ouvrais les yeux, j’étais étonnée, et voilà tout.