Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 6.djvu/297

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

sur leur reconnaissance, autant de confusion d’épargnée. Ils sont servis à meilleur marché, et ils lui en savent si bon gré qu’ils la croient mille fois plus obligeante que l’autre, quoique le seul mérite qu’elle ait de plus soit d’avoir une qualité de moins, c’est-à-dire d’avoir moins d’esprit.

Or, Mme de Miran était de ces bonnes personnes à qui les hommes, en pareil cas, sont si obligés de ce qu’elles ont l’esprit médiocre ; et Mme Dorsin, de ces bonnes personnes dont les hommes regardent les lumières involontaires comme une injure, et le tout de bonne foi, sans connaître leur injustice ; car ils ne se débrouillent pas jusque-là.

Me voilà au bout de ma réflexion. J’aurais pourtant grande envie d’y ajouter encore quelques mots, pour la rendre complète. Le voulez-vous bien ? Oui, je vous en prie. Heureusement que mon défaut là-dessus n’a rien de nouveau pour vous. Je suis insupportable avec mes réflexions, vous le savez bien. Souffrez donc encore celle-ci, qui n’est qu’une petite suite de l’autre ; après quoi je vous assure que je n’en ferai plus, ou si par hasard il m’en échappe quelqu’une, je vous promets qu’elle n’aura pas plus de trois lignes, et j’aurai soin de les compter. Voici donc ce que je voulais vous dire.