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Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 6.djvu/318

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que la dame qui a soin de vous soit très généreuse. Quel âge a-t-elle ? est-elle vieille ? songe-t-elle à vous assurer de quoi vivre ? Elle ne sera pas éternelle, et il serait fâcheux qu’elle ne vous mît pas en état d’être toujours aussi proprement mise ; on s’y accoutume, et c’est ce que je vous conseille de lui dire.

Le silence qui se fit à ce discours, et qui vint en partie de l’étonnement où il jeta toutes ces filles, me déconcerta ; je restai muette et confuse en voyant la confusion des autres, et ne pus m’empêcher de pleurer avant que de répondre.

Pendant que je me taisais : Qu’est-ce que c’est que ce raisonnement-là, mademoiselle ? Eh ! de quoi vous mêlez-vous ? repartit pour moi cette religieuse qui m’aimait. Savez-vous bien que votre mauvaise humeur n’humilie que vous ici, et qu’on n’ignore pas le motif d’un mouvement si hautain ! c’est votre défaut que cette hauteur ; Madame votre mère nous en avertit quand elle vous mit ici, et nous pria de tâcher