Aller au contenu

Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 6.djvu/328

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

n’aurait pas cru que j’allais essuyer quelque nouvelle iniquité de sa part ?

Vous verrez peut-être que, selon lui, ce sera moi qui aurai voulu le tenter pour l’engager à me faire du bien, me disais-je. Mais ce n’est pas là ce qu’il a dit au père [Saint-]Vincent ; il m’a seulement accusée d’avoir cru que c’était lui-même qui m’aimait ; et ce bon religieux, devant qui nous nous sommes trouvés tous deux, ne refusera pas son témoignage à une pauvre fille à qui on veut faire un si grand tort. Voilà comme je raisonnais en me voyant dans la cour de M. de Climal, de sorte que je sortis du carrosse avec un tremblement digne de l’effroyable scène à laquelle je me préparais.

Il y avait deux escaliers, et je dis à un laquais : Où est-ce ? Par là, mademoiselle, me dit-il ; c’était l’escalier à droite qu’il me montrait, et dont Valville en cet instant même descendait avec précipitation.

Etonnée de le voir là, je m’arrêtai sans trop savoir ce que je faisais, et me mis à examiner quelle mine il avait, et de quel air il me regardait.

Je le trouvai triste, mais d’une tristesse qui, ce me semble, ne signifiait rien contre moi ; aussi m’aborda-t-il d’un air fort tendre.

Venez, mademoiselle, me dit-il en me donnant