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Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 6.djvu/327

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Je reconnus la maison : vous savez qu’il n’y avait pas si longtemps que j’y avais été.

Jugez quelle fut ma surprise ! Oh ! ce fut. pour le coup que je me crus perdue. Allons, c’en est fait, me dis-je ; je vois bien de quoi il s’agit ; c’est ce misérable faux dévôt qui est réchappé et qui se venge ; je m’attends à mille calomnies qu’il aura inventé contre moi ; il aura tout tourné à sa fantaisie ; il passe pour un homme de bien, et j’aurai beau faire, Mme de Miran croira toutes les faussetés qu’il aura dites. Ah ! mon Dieu, le méchant homme !

Et en effet, n’y avait-il pas quelque apparence à ce que j’appréhendais ? Les menaces qu’il m’avait faites en me quittant chez Mme Dutour ; cette scène qui s’était passée entre lui et moi chez ce religieux à qui j’avais été me plaindre, et devant qui je l’avais réduit, pour se défendre, à tout ce que l’hypocrisie a de plus scélérat et de plus intrépide ; cette rencontre que j’avais fait de lui à mon couvent ; les signes d’amitié dont m’y avait honoré Mme de Miran, qu’il m’avait vu saluer de loin ; la crainte que je ne révélasse, ou que je n’eusse déjà révélé son indignité à cette dame, qu’il voyait que je connaissais : tout cela, joint au voyage qu’on me faisait faire chez lui, sans qu’on m’en eût avertie, ne semblait-il pas m’annoncer quelque chose de sinistre ? Qui est-ce qui