Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 6.djvu/341

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discours l’attendrissait lui-même. Ce que vous dites là répond à l’opinion que j’ai toujours eu de votre cœur, mademoiselle, reprit-il après quelques moments de silence, et il est vrai que je justifierais ce que vous pensez de moi, si Dieu prolongeait mes jours. Je sens que je m’affaiblis, dit-il ensuite ; ce n’est point à moi à vous donner des leçons, elles ne partiraient pas d’une bouche assez pure. Mais puisque vous croyez perdre un ami en moi, qu’il me soit permis de vous dire encore une chose : j’ai tenté votre vertu, il n’a pas tenu à moi qu’elle ne succombât ; voulez-vous m’aider à expier les efforts que j’ai fait contre elle ? aimez-la toujours, afin qu’elle sollicite la miséricorde de Dieu pour moi ; peut-être mon pardon dépendra-t-il de vos mœurs. Adieu, mademoiselle. Adieu, mon père, ajouta-t-il en parlant au père Saint-Vincent ; je vous la recommande. Pour vous, mon neveu, vous voyez pourquoi je vous ai retenu ; vous m’avez vu à genoux devant elle, vous avez pu la soupçonner d’y consentir ; elle était innocente, et j’ai cru être obligé de vous l’apprendre.