Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 6.djvu/342

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Il s’arrêta là, et nous allions nous retirer, quand il dit encore :

Mon neveu, allez de ma part prier ma sœur de rentrer. Mademoiselle, me dit-il après, Mme de Miran m’a appris comment vous la connaissiez ; dans le récit que vous lui avez fait de votre situation, le détail de l’injure toute récente que vous veniez d’essuyer de moi a dû naturellement y entrer ; dites-moi franchement, l’en avez-vous instruite, et m’avez-vous nommé ?

Je vais, monsieur, vous dire la vérité, lui répondis-je, un peu embarrassée de la question. Au sortir de chez le père Saint-Vincent, j’entrai dans le parloir d’un couvent pour y demander du secours à l’abbesse ; j’y rencontrai Mme de Miran ; j’étais comme au désespoir ; elle vit que je fondais en larmes, cela la toucha. On me pressa de dire ce qui m’affligeait. Je ne songeais pas à vous nuire ; mais je n’avais point d’autre ressource que de faire compassion, et je contai tout, mes premiers malheurs et les derniers. Je ne vous nommai pourtant point alors, moins par discrétion