Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 6.djvu/355

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répondit Valville d’un air franc et aisé, pendant que je baissais la tête pour la remercier de ses politesses, sans lui rien dire ; car je crus devoir me taire et laisser parler ma bienfaitrice, devant qui je n’avais là-dessus et dans cette occasion qu’un silence modeste et respectueux à garder. Je ne pus m’empêcher cependant de jeter sur elle un regard bien tendre et bien reconnaissant ; et de la manière dont la conversation se tourna là-dessus, quoique tout y fût dit en badinant, Mme de fare ne douta point que je ne dusse épouser Valville.

je m’en retournerai dès que j’aurai vu M. de Climal, et puis nous reconduirons votre bru à son couvent, dit-elle à Mme de Miran ; ou bien, tenez, faisons encore mieux : je ne couche pas ce soir à Paris, je m’en retourne à ma maison de campagne, qui n’est qu’à un quart de lieue d’ici, comme vous savez. Je pense que vous pouvez disposer de mademoiselle. ecrivez, ou envoyez dire à son couvent qu’on ne l’attende point, et que vous la gardez pour un jour ou deux, moyennant quoi nous la mènerons avec nous. Ne faut-il pas que ces demoiselles se connaissent un peu davantage ? Vous leur ferez plaisir à toutes deux, j’en suis sûre.

Mlle de fare s’en mêla, et joignit de si bonne grâce ses instances à celles de sa mère, que Mme de Miran, à qui on supposait que mes parents m’avaient confiée, dit qu’elle y consentait, et que j’étais la maîtresse. Il est vrai, ajouta-t-elle, que vous n’avez personne avec vous ; mais vous serez servie