Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 6.djvu/372

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c’est moi qui vous le garantis, ajoutait-il en se jetant à mes genoux avec plus d’amour, avec plus de passion, ce me semble, qu’il n’en avait jamais eu ; et mes regards, que je laissais tomber tour à tour sur l’amant et l’amie, leur exprimaient combien j’étais sensible à tout ce qu’ils me disaient tous deux de doux et de consolant, quand nous entendîmes marcher près de ma chambre.

C’était Mme de Fare, qui entra un moment après. Sa fille et Valville s’assirent à côté de moi, et j’essuyai mes pleurs avant qu’elle parût ; mais toute l’impression des mouvements dont j’avais été agitée me restait sur le visage ; on y voyait encore un air de douleur et de consternation que je ne pouvais pas en ôter.

Feignez d’être malade, se hâta de me dire Mlle de Fare, et nous supposerons que vous venez de vous trouver mal.

À peine achevait-elle ce peu de mots, que nous vîmes sa mère. Je ne la saluai que d’une simple inclination de tête, à cause de la faiblesse que nous étions convenus que j’affecterais, et qui était assez réelle.

Mme de Fare me regarda, et ne me salua pas non plus.

Est-ce qu’elle est indisposée ? dit-elle à Valville d’un air indifférent et peu civil. Oui, madame, répondit-il ; nous avons eu beaucoup de peine à faire revenir mademoiselle d’un évanouissement qui lui a pris. Et elle est encore extrêmement faible, ajouta Mlle