Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 6.djvu/373

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de Fare, que je vis surprise du peu de façon que faisait sa mère en parlant de moi.

Mais, reprit cette dame du même ton, et sans jamais dire mademoiselle, si elle veut, on la ramènera à Paris, je lui prêterai mon carrosse.

Madame, lui dit sèchement Valville, le vôtre n’est pas nécessaire ; elle s’en retournera dans le mien, qui est venu me prendre. Vous avez raison, cela est égal, repartit-elle. Quoi ! ma mère, tout à l’heure ! s’écria la fille : je serais d’avis qu’on attendît à tantôt.

Non, mademoiselle, dis-je alors à mon tour, en m’appuyant sur le bras de Valville pour me lever ; non, laissez-moi partir ; je vous rends mille grâces de votre attention pour moi, mais effectivement il vaut mieux que je me retire, et je sens bien qu’il ne faut pas que je reste ici plus longtemps. Descendons, monsieur, je serai bien aise de prendre l’air en attendant que votre carrosse soit prêt.

Mais, ma mère, reprit une seconde fois Mlle de Fare, prenez donc garde ; laisserons-nous mademoiselle s’en retourner toute seule dans ce carrosse ? Et puisqu’elle veut absolument se retirer, n’êtes-vous pas d’avis que nous la ramenions, ou du moins que je prenne une de vos femmes avec moi pour la reconduire jusqu’à son couvent, ou chez Mme de Miran, qui nous l’a confiée ? Sans quoi il n’y a ici que M. de Valville qui pourrait l’accompagner, et il ne serait pas dans l’ordre qu’il partît avec elle.

Non, reprit la mère en souriant ; mais, dites-moi,