Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 6.djvu/378

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dans les suites devient un sujet de honte et de repentir pour elle ?

Voilà ce qui me passait dans l’esprit, en supposant même que Mme de Miran ne se rebutât point, et tînt bon contre l’ignominie que cette aventure-ci répandrait sur moi, si elle éclatait, comme il y avait tout lieu de croire qu’elle éclaterait.

Les deux carrosses, celui de Mme de Fare et celui de Valville, arrivèrent dans la cour. Mlle de Fare m’embrassa ; elle me tint longtemps entre ses bras, je ne pouvais m’en arracher,. et je montai la larme à l’œil dans le carrosse de Valville, renvoyée, pour ainsi dire, avec moquerie d’une maison où l’on m’avait reçue la veille avec tant d’accueil.

Me voici partie ; Valville me suivait dans son équipage ; nous nous trouvions quelquefois de front, et nous nous parlions alors.

Il affectait une gaieté qu’assurément il n’avait pas ; et dans un moment où son carrosse était extrêmement près du mien : Songez-vous encore à ce qui s’est passé ? me dit-il assez bas, et en avançant sa tête. Pour moi, ajouta-t-il, il n’y a que l’attention que vous y faites qui me fâche.

Non, non, monsieur, lui répondis-je, ceci n’est pas aussi indifférent que vous le croyez ; et moins vous y êtes sensible, et plus vous méritez que j’y pense.

Nous ne saurions continuer la conversation, me